Prendre soin de la santé mentale des forces de l’ordre et des soignants : briser le silence et créer du lien
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Préambule : Cet article n'engage que moi c'est mon opinion et aussi mon humeur du jour. Je déclare l’absence de tout lien d’intérêt et signale mes biais potentiels liés à mon expérience de gendarme. Je précise que ce sont des choses qui se sont déroulés il y a bien des années et relatées de manière à rester le plus neutre et conserver mon devoir de réserve.
Il est parfois plus difficile d’avouer son mal‑être que de faire face au danger. Dans les institutions du maintien de l’ordre (gendarmes, policiers) et de la santé (pompiers, personnels soignants), la demande d’aide reste trop souvent tue. Pourtant, les chiffres sont sans appel : les forces de l’ordre sont deux fois plus touchées par le suicide que la population civile La Tribune de Genève rapportait, pour le canton de Genève, que « cinq policiers se sont ôté la vie entre 2012 et 2019, un taux près de deux fois supérieur à la moyenne cantonale ».
Ces statistiques interpellent : au‑delà de la rudesse du métier, ce sont nos blessures personnelles, nos croyances et nos défis de vie qui s’ajoutent au stress opérationnel et finissent par peser lourdement sur notre équilibre psychique.
Comprendre les enjeux
Parcours individuels
Derrière chaque blouse, chaque uniforme se cache une histoire unique, façonnée par des expériences personnelles qui, parfois, laissent des cicatrices invisibles. Certains ont déjà franchi la ligne du burn‑out ; d’autres portent le poids de deuils mal digérés ou de traumatismes anciens jamais réellement traités. Ces blessures du passé s’invitent sur le terrain, exacerbant la charge émotionnelle de chaque intervention. Lorsqu’on refuse de reconnaître ces souffrances, elles se cristallisent dans le corps et l’esprit : insomnies persistantes, irritabilité accrue, hypervigilance. En d’autres termes, nous n’apportons pas seulement notre bras et nos réflexes ; nous portons aussi le fardeau de notre histoire personnelle chaque fois que nous effectuons une ronde, un secours ou un contrôle.
Pression institutionnelle
L’institution, c’est la hiérarchie, les rapports chiffrés, les objectifs de performance : autant de contraintes qui transforment parfois le métier en simple « pilotage automatique ». Quand le nombre d’interventions, de rapports à rédiger ou d’heures de garde prime sur la dimension humaine, le risque est de se désengager émotionnellement pour rester « efficace ». Or cette stratégie de survie à court terme affaiblit notre résilience sur le long terme. Les protocoles et les normes écrasent l’espace laissé à l’empathie, et le sentiment de ne jamais pouvoir faire « assez » crée une pression constante. Là où la mécanique institutionnelle exige des performances, l’agent finit par se sentir déconnecté de son propre besoin de sens.
Silence et isolement
Dans nos métiers, afficher la moindre fragilité est souvent perçu comme un aveu de faiblesse. « Je ne peux pas montrer mes émotions », entend-on régulièrement. Cette injonction silencieuse enferme les professionnels dans une solitude émotionnelle douloureuse. À force de taire ses propres besoins, on s’éloigne de ses collègues, de sa famille et, finalement, de soi‑même. L’isolement s’installe, nourri par la peur du jugement ou des répercussions sur la carrière. Pourtant, c’est dans la parole que réside la première étape de la guérison : briser le tabou du mal‑être, c’est ouvrir la porte à la solidarité et à la bienveillance, indispensables pour recréer du lien et alléger le poids de l’uniforme.
Des solutions validées pour apaiser les blessures invisibles.
1. Hypnose
L’hypnose clinique repose sur les travaux de Milton Erickson, Ernest Rossi, et Dave Elman, Roustang, Boyne... auxquels viennent s’ajouter des recherches récentes sur la plasticité cérébrale (Smith 2025). En induisant un état de conscience modifié, l’hypnothérapeute accède directement aux ressources inconscientes du patient, là où résident les perceptions, les croyances et les souvenirs les plus impactants. Concrètement, grâce à des suggestions ciblées, on peut réduire rapidement l’anxiété, réévaluer en douceur les souvenirs traumatiques et installer de nouveaux schémas de pensée plus adaptés. Des études montrent qu’après seulement une à deux séances, les personnes exposées à un stress aigu ou chronique ressentent une diminution notable de la tension intérieure et une capacité renouvelée à réguler leurs émotions.
2. EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing)
L’EMDR, mise au point par Francine Shapiro et aujourd’hui encadrée par les NICE Guidelines 2024, utilise des mouvements oculaires bilatéraux, ainsi qu'une stimulation bilatérale alternée soit par du tapping du thérapeute et aussi des sons binaureaux pour faciliter le retraitement des informations stockées de manière dysfonctionnelle dans le cerveau. Lors d’une séance, le thérapeute guide le patient dans le rappel d’un souvenir douloureux, ou d'une émotion enkystée dans le corps tout en stimulant alternativement les deux hémisphères cérébraux. Cette double stimulation active les mécanismes naturels de la mémoire adaptative, permettant de « digérer » les expériences traumatiques. Les études cliniques démontrent qu’en quatre à huit séances, la plupart des patients voient leurs symptômes de PTSD diminuer de plus de 50 %, avec un effet durable dans le temps.
3. EFT (Emotional Freedom Techniques)
Connue sous le nom de Tapping, l’EFT combine la stimulation de points d’acupuncture situés sur le visage et le haut du corps avec des affirmations verbales. Les travaux de Dawson & Church (2023) ont mis en lumière l’efficacité immédiate de cette technique : en moins de 20 minutes, les niveaux de cortisol sanguin chutent significativement, et les marqueurs de stress psychologique reculent. Sans recours à des aiguilles, l’EFT active les mêmes méridiens que l’acupuncture traditionnelle, tout en offrant au patient un outil simple à reproduire chez lui. Cette rapidité et cette autonomie font de l’EFT une solution particulièrement intéressante pour les professionnels souvent en déplacement ou en ronde, qui peuvent ainsi gérer leurs pics d’émotion sur le vif.
4.Cohérence cardiaque
La cohérence cardiaque, popularisée par le Dr David O’Hare (2023), est une technique de respiration contrôlée qui aligne volontairement le rythme cardiaque sur une fréquence d’environ six respirations par minute. Des études neurophysiologiques ont montré qu’en seulement cinq minutes de pratique, on observe :
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Une réduction du cortisol, l’hormone du stress,
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Une baisse de l’inflammation systémique,
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Un équilibre immédiat entre les branches sympathique et parasympathique du système nerveux autonome.
Pour un gendarme, un pompier ou un soignant confronté à une situation critique, prendre quelques instants pour pratiquer la cohérence cardiaque peut constituer une bouffée d’oxygène mental et prévenir l’accumulation de tension qui mène au burn‑out.
En combinant ces approches, vous disposez d’un arsenal thérapeutique complet, capable d’agir à la fois sur les traces laissées par le passé et sur la régulation émotionnelle au quotidien. Que vous ayez besoin d’une intervention rapide (EFT, cohérence cardiaque) ou d’un travail plus en profondeur (hypnose, EMDR), ces méthodes validées scientifiquement offrent des pistes concrètes pour alléger les blessures invisibles et renouer avec votre bien‑être intérieur.